Fédération de l'Hérault

La question est, comme on dit, d’une simplicité biblique : pour quelle raison profonde un homme ou une femme, 
dont l’orientation est homosexuelle, ne pourrait pas disposer des mêmes droits qu’un homme ou une femme, dont l’orientation est hétérosexuelle, dans la France où nous vivons ?

À cette question, aucun de ceux qui sont hostiles au « mariage pour tous » n’a apporté, depuis des mois et des mois, une réponse digne de ce nom.

Biblique, encore ! C’est le titre d’une chronique d’Alain Duhamel dans les colonnes du journal Libération à propos de la manifestation de dimanche : « la résurrection du peuple de droite ». Cru­cifié au mois de mai dans 
les urnes, ce peuple-là reviendrait donc à la vie dans les rues de Paris… comme le Christ ! Diable, si l’on ose écrire… Biblique comme la révélation, la pensée Duhamel va à l’os. Il inscrit l’initiative de masse 
du 13 janvier dans l’histoire des grandes manifestations de la droite qui ont marqué les dernières décennies : 
le 24 juin 1984 pour l’ensei­gnement privé, le 30 mai 1968 
aux Champs-Élysées pour de Gaulle, il ne manque 
à l’appel que les rassemblements organisés par Pétain avec la collaboration, c’est le cas de le dire, bienveillante des troupes allemandes d’occupation.

Bref, un grand rendez-vous 
de nature politique, dans la foulée des brillants timoniers de l’UMP, 
à peine revenus de leurs combats de chiens dans 
les tunnels. Et ce n’est pas un hasard si Alain Duhamel, qui a pourtant un œil d’aigle, ignore délibérément la présence massive dans la rue et l’organisation implacable des hiérarques du Front national, les cos­tards-cravates de l’extrême droite… Cela pourrait en effet tenir à l’écart de la pro­cession de braves gens qui ne veulent pas mettre leurs pas dans ces pas-là… L’absence de Marine Le Pen ne signifie rien d’autre…

Pour la suite, notre fameux analyste annonce une sorte de nouvelle phase his­torique si la loi est adoptée (et elle le sera…) qui conjuguera « la frustration du peuple de droite » et une « atmosphère inflammable à la merci du moindre embrasement ». 
On n’en est pas là, même si, paraît-il, l’ancien président de la Répu­blique, Nicolas Sarkozy, annonce 
une « déferlante contre le gouvernement ». Franchement, Alain Duhamel, le soir, autour 
de la table des cuisines de la France profonde, 
la France tout court, la conversation a d’autres bases : 
l’état du compte en banque à la fin du mois, le sort du petit dernier qui rame de stages mina­bles en intérims pourris, les rumeurs sur l’entreprise voisine qui ne sont pas bon­nes, l’échéance de l’assurance de la voi­ture, etc.
 Si embrasement il y a, il aura lieu dans « la matière inflammable » de la vie…

Certes, on peut imaginer, mijotés dans certains cercles du pouvoir, quelques cal­culs au petit pied : une grande confronta­tion « sociétale » 
avec la droite serait pré­férable à une grande confrontation sociale dont l’emploi serait le cœur ! 
Cette sorte de truc est toujours à haut risque. C’est si vrai que le pouvoir a lâché du lest en ren­voyant aux calendes la PMA (procréation médicale assistée). Dommage, 
parce que tout se tient… Et les nains féroces de la droite ne lâcheront pas les crocs pour autant.

Ce qui est encore plus dommage, et beau­coup plus explosif, c’est que le président de la République et le gouvernement don­nent le sentiment qu’ils n’ont rien à refu­ser aux coalisés du patronat et de la for­tune. 
Dans la Bible, les marchands du temple, en somme…