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OUI AU RAPPROCHEMENT ET A LA COOPERATION ENTRE UNIVERSITES, NON À LA FUSION !

Depuis plusieurs années, la ville de Montpellier vit au rythme de la question de la fusion de ses universités. Au gré des débats, les acteurs du monde politique, montpellierain comme régional, ont eu l'occasion de se positionner. En outre, cette question a plusieurs fois été polluée par d'autres dossiers, tels que l'Opération Campus, les Grands Investissements d'Avenir dont l'appel à projet Idex ou encore la question du PRES Sud de France. On se souvient ainsi des interventions volontaristes de Georges Frèche, mélangeant de supposés problèmes de personnes aux réelles difficultés à mener à bien un tel projet. On se souvient peut-être moins de la lettre de son successeur au Conseil Régional, s’immisçant dans la vie interne des Universités montpelliéraines et exhortant les universitaires à réussir la fusion ainsi que l'Idex sous peine de voir coupés les fonds d'aides régionales.

Bien que le secteur de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche (ESR) relève exclusivement des prérogatives de l’État, la politique de la ville doit prendre en compte à son niveau les besoins du service public dans ce domaine, d'ailleurs repérés par le texte voté par le CM à l'unanimité le 21 juillet. En effet, 20% des montpelliérains sont directement concernés par l'ESR, aussi bien en tant que personnels qu'en qualité qu'étudiants. Les besoins d'un service public au service de l'intérêt général, des étudiants les plus en difficulté, des mille précaires de la recherche sur Montpellier, doivent être pris en compte en priorité, notamment en matière de transport et de logement.

Au-delà, autant il apparaît indispensable de coordonner et de mettre en coopération les établissements de l'ESR, autant une fusion – qui plus est autoritaire à marche forcée, sur le modèle managérial des entreprises – sera contre-productive, et n'apportera aucune économie (sauf pour l’État), dans un domaine très sous-administré et budgétairement sous-doté, et aucun progrès, tant en termes de formation des étudiants et de développement de la recherche, que dans le domaine démocratique, alors que le mandarinat autoritaire et clientéliste doivent y être combattus. De plus, à l'heure où les universités sont, dans leur grande majorité, soumises à de grandes difficultés budgétaires, une fusion dans le cadre actuel des lois LRU/Fioraso, avec le passage aux Responsabilités et Compétences Elargies, ne permettrait même pas de redistribuer des moyens en direction des formations ou secteurs scientifiques les plus défavorisés, les universités fusionnées (Strasbourg, Aix-Marseille, etc.) ayant vu leurs budget et postes diminuer lors du passage à la fusion.

 

Ainsi, si nous sommes favorables et désireux d'une meilleur harmonisation et d'une meilleur lisibilité de l'offre de formation des universités montpelliéraines et, au-delà, de la Région, nous pensons que cet objectif sera plus efficacement atteint en favorisant la coordination et la coopération qu'en forçant leur fusion, qui plus est lorsque seules deux d'entre elle (Montpellier 1 et 2) sont concernées, la troisième préférant se retirer du projet à la lecture de la très faible place faite au secteur des Langues, Lettres, Arts, Sciences Humaines et Sociales.

 

Pourquoi sommes-nous opposés à la fusion des universités montpelliéraines ?

  • Parce que la fusion ne concerne que deux des trois universités, la troisième étant notamment négligée par les pouvoirs publics et qu'au delà, la place des université de Perpignan et de Nîmes reste très floue ;
  • Parce que la fusion implique que 70.000étudiants et près de 10.000 personnels soient gérés par une petite vingtaine d'élus qui ne représenteront pas la pluralité des domaines d’enseignement et de recherche et des missions des universités. La fusion implique ainsi que la démocratie dans l’université soir réduite à sa plus simple expression. En outre, la fusion multiplie les structures de gouvernance au lieu de les diminuer ; les personnels de Aix-Marseille Université (AMU) constatent déjà que la « distance » les séparant de la direction et des organes décisionnaires a considérablement grandi et que les démarches administratives se sont grandement alourdies ;
  • Parce que la fusion ne s'accompagne pas d'un renforcement de l'encadrement administratif et pédagogique, mais, au contraire, d’une diminution des moyens en personnels. Par exemple, Aix-Marseille Université a perdu 6 postes au moment de la fusion ;
  • Parce que la fusion implique une diminution des moyens financiers. Par exemple, le budget de l'AMU est inférieur de près de 20% à la somme des trois universités constituantes avant fusion ;
  • Parce que la fusion n’est pas conçue dans une logique de coopération, mais sur des logiques d’exclusion. C'est ainsi que Montpellier 3 s'est vue mise de côté avant de décider de se retirer du projet ;
  • Parce que la fusion ne permet pas de mettre en place une dynamique régionale de l'ensemble des domaines de l’enseignement supérieur et de la recherche, dans la mesure où elle est pensée sans interagir avec Perpignan et Nîmes ;
  • Parce que la fusion n’est pas une démarche voulue par les membres des universités, mais une démarche imposée par le gouvernement et certains acteurs locaux dans une stratégie à courte vue sans souci des missions de service public et des besoins de l'enseignement supérieur et de la recherche ;
  • Parce que, les exemples de fusion d'universités françaises (Strasbourg) démontrent si bien leur nocivité que même notre ministre ne la juge plus si nécessaire ;
  • Parce que les exemples donnés par les universités étrangères (Italie, Angleterre, Allemagne) de soumission aux collectivités territoriales et aux acteurs du monde économique démontrent qu'elle vise à la disparition des missions du service public et de la pluralité des domaines d'enseignement et de recherche ;
  • Parce que refuser la fusion ce n'est pas refuser la construction d'un site scientifique d'excellence à Montpellier et en Région;
  • Parce que d'autres modèles de rapprochement plus efficaces et moins destructeurs que la fusion peuvent être discutés.

 

Ce que nous voulons :

 

  • Favoriser la coopération entre les universités, non seulement montpelliéraines mais aussi celles de Perpignan et Nîmes. Ainsi, alors que la nouvelle réforme de la formation des enseignants a donné naissance aux ESPE et aux facultés d'éducation en lieu et place des ex-IUFM, il convient de ne pas reproduire la concurrence, voir la guerre, à laquelle se sont livrées les universités régionales ces dernières années ;
  • Améliorer la lisibilité et la cohérence des formations portées par les universités. Un futur étudiant doit pouvoir rapidement et facilement connaître l'offre de formation sans avoir à choisir entre deux filières concurrentes portées par plusieurs universités ;
  • Permettre un meilleur rapprochement des laboratoires de recherche, une véritable mise en réseau de leurs équipes, plutôt que persister dans leur démantèlement et leur mise en concurrence par la multiplication des appels d'offres ;

Aider au rapprochement entre les universités, les organismes de recherche publique et les entreprises du secteur R&D. N'oublions pas que ces entreprises sont aussi des employeurs potentiels des étudiants fraîchement diplômés sortant de nos universités.

Collectif Enseignement supérieur et recherche du Front de gauche de Montpellier

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