Le rapport de la Commission consultative des droits de l’homme révèle des chiffres affligeants.
Trois quarts des sondés considéreraient les étrangers comme des « parasites ». L’islamophobie, cet avatar du racisme, gagne du terrain. Pour la troisième année consécutive, la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) a rendu un rapport annuel affligeant.
Depuis 2010, tous les indicateurs sont dans le rouge. « L’intolérance augmente. Le phénomène s’ancre dans la durée, et cette évolution est particulièrement préoccupante », pointe la CNCDH, qui se base sur un sondage CSA réalisé fin 2012. Avec un constat central : la méfiance à l’égard des musulmans est toujours plus marquée. Ainsi, selon le rapport, près de 55 % des personnes interrogées estiment que les musulmans forment un groupe à part dans la société (en progression de 11 points par rapport à 2009). « Il y a une mauvaise perception de la religion musulmane, qui menacerait un modèle social en difficulté et la laïcité comme élément de l’identité française», analyse Emmanuel Rivière, directeur d’opinion de TNS-Sofres, qui a réalisé une enquête approfondie auprès de 38 personnes.
Sur les étrangers en général, c’est pire. Les trois quarts des sondés affichent des positions xénophobes et perçoivent les étrangers comme des « parasites », révèle la CNCDH. Ainsi, 73 % estiment que « de nombreux immigrés viennent en France pour profiter de la protection sociale ». Près de 72 % s’opposent à l’idée que « les travailleurs immigrés doivent être considérés ici comme chez eux puisqu’ils contribuent à l’économie française ». Et 69 % jugent qu’« il y a trop d’immigrés en France ». « La figure de l’étranger cristallise les craintes qui fondent le sentiment d’insécurité économique, sociale ou culturelle », souligne la CNCDH.
Dans « un contexte de hausse du chômage et de fermeture d’usines », la Commission souligne « une dangereuse banalisation des propos racistes ». La CNCDH évoque « une forte augmentation » (+ 23 %), en 2012, « des actes et menaces à caractère raciste et antisémite », rappelle la commission. Au sein des 1 539 actes et menaces dénombrés, la CNCDH distingue le racisme, en « relative stabilité », et le « racisme antimusulman » (+ 30 %). Concernant l’antisémitisme (+ 58 %), le chiffre est à prendre avec des pincettes, la CNCDH faisant état d’indicateurs insuffisants. « Internet contribue grandement à cette banalisation », qui « s’alimente également de l’instrumentalisation dans le discours politique de certaines thématiques (immigration, religion, laïcité), ainsi que de certains dérapages et polémiques qui ont suivi ».
La CNCDH propose différentes pistes de réflexion. En matière d’éducation, elle s’engage à soutenir « le développement d’outils pédagogiques innovants visant à lutter contre les préjugés » et appelle les pouvoirs publics à œuvrer sur le sujet « dès la maternelle ».
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