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Notre combat pour la protection sociale participe à la construction du projet communiste.

Le débat sur la protection sociale à la française secoue l'actualité : manque de compétitivité lié au « coût du travail », durée de cotisation retraites vouée à l'allongement, déremboursement des médicaments… Interrogé à ce propos, Jean-Luc Gibelin, le responsable national du PCF en charge des questions de santé et de protection sociale livre son approche fondée sur la solidarité radicalement opposée à la doxa néolibérale.

Au nom de la « compétitivité » le financement de la protection sociale pourrait être bouleversé. Qu'en dit le PCF ?

Invoquant la compétitivité, l'allégement du « coût du travail », le gouvernement envisagerait de fiscaliser une partie du financement de la protection sociale. Autrement dit, il s'agirait d'une baisse des cotisations sociales employeurs compensée par une augmentation des prélèvements sur les ménages. Nous nous opposons très fortement à toute démarche de ce type, que le support du transfert soit la contribution sociale généralisée (CSG) ou un autre. L'expérience a montré, notamment avec la vignette auto, que des prélèvements fiscaux fléchés vers la protection sociale peuvent très vite être détournés de leur but. Mais surtout, nous contestons le postulat selon lequel le « coût du travail » serait responsable de la situation économique. De plus en plus d'économistes en font la démonstration, c'est le poids croissant des revenus financiers qui embolise le système productif dans son ensemble. Le financement de la protection sociale doit être assuré à 100% par les cotisations sociales.  Puisque nous proposons une augmentation des dépenses, il est nécessaire d'augmenter les recettes. Cela passe en premier lieu par le développement de l'emploi et des salaires. Nous proposons en outre, comme mesure immédiate, de faire cotiser les revenus financiers au même niveau que le travail.

Vous ne parlez pas de dépendance mais de perte d'autonomie pourquoi ?

Parler de dépendance renvoie à une situation subie et irréversible, il est en revanche possible de regagner de l'autonomie ou au moins, de compenser sa perte. Par ailleurs, nous combattons la ségrégation initiée par la droite à propos  de la perte d'autonomie entre les personnes en situation de handicap, l'invalidité et le grand âge. Ce qui la sous-tend, c'est la volonté d'y répondre de façon différente avec une place offerte à l'assuranciel !  Les communistes défendent au contraire des réponses unifiées de service public à la perte d'autonomie.

Comment concrètement atteindre cet objectif ?

Nous proposons la prise en charge de la perte d'autonomie à 100% par l'assurance maladie et non par une nouvelle branche car ce rôle correspond pleinement aux principes développés par Ambroise Croizat, ministre communiste fondateur de la Sécurité sociale : protéger contre les risques de la naissance à la mort. Nous voulons un pôle public de la perte d'autonomie au niveau de chaque département adossé aux services du conseil général. C'est une manière de réaffirmer la pertinence de l'échelon départemental aux besoins de la population. Ces pôles publics auraient une mission de coordination de l'ensemble des acteurs pour répondre de façon plus accessible et plus claire aux demandes. Dans le même temps, un service public du service à la personne nous apparaît comme une priorité à mettre en place. Un rapport rédigé par Valérie Rosso-Debord, alors parlementaire UMP, estime la valeur du temps consacré par les aidants aux personnes atteintes de perte d'autonomie à l'équivalent de 500 000 emplois. Nous disons créons-les, faisons-en des emplois stables et qualifiés pour soulager les aidants sans pour autant se passer de l'entourage familial.

Une grande concertation est lancée pour déboucher sur un « pacte de confiance » pour l'hôpital. Qu'attendez-vous de ce processus ?

Nous apprécions la vraie modification du discours ministériel  sur l'hôpital par rapport au gouvernement précédent. Cependant la confiance, qui est un objectif louable, ne se construit pas à partir de discours mais d'actes. Le choix de s'adresser aux organisations syndicales est une bonne chose mais l'hôpital mérite un débat public, un débat politique. En dehors du travail entrepris par la commission des affaires sociales du Sénat présidée par notre camarade Annie David, le gouvernement semble très frileux sur cet aspect. Pour le PCF, il n'est pas possible de changer de politique en laissant en place les dispositions légales et réglementaires qui ont été combattues lorsque la gauche était dans l'opposition. Sinon, le sentiment d'avoir été trompé par un double discours renforcera dans la population la défiance vis-à-vis de la politique. Il faut un moratoire sur la loi HPST, sur celle portant sur les soins sans consentement en psychiatrie ou, par ailleurs, sur la réforme des retraites. Il faut se donner le temps d'un vaste débat public préalable à un débat parlementaire et au vote de nouvelles lois répondant aux objectifs définis collectivement.

La légalisation de l'euthanasie fait partie des engagements de François Hollande. Comment abordez-vous la question ?

C'est un sujet de société délicat, qu'il faut traiter avec beaucoup de mesure et de respect pour les personnes en fin de vie et leur entourage. Des points de vue divers sur cette question traversent l'ensemble des courants politiques. Dans un premier temps, nous défendons l’obligation de combattre la douleur, cela demande de véritables moyens. Le développement des soins palliatifs est une exigence d’humanité, qui n’est pas compatible avec l’acharnement thérapeutique en fin de vie.  C'est une question de dignité humaine pour les patients, les familles mais aussi pour les professionnels.

Pour quelles raisons militez vous pour un pôle public du médicament ?

C'est une proposition originale dont nous sommes fiers. En la faisant, nous affirmons notre ambition de sortir le médicament du système de l'argent. Pour nous, le médicament n'est pas un produit de consommation courante mais un produit qui doit être prescrit et donc remboursé à 100%. Il faut arrêter le mélange des genres. Les articles qui ne sont pas des médicaments doivent être sortis du circuit pharmaceutique et trouver leur place en épicerie.
Nous voulons, avec le pôle public, trouver une adéquation entre recherche, production et réponse aux besoins pour peser sur l'ensemble de l'industrie pharmaceutique. Elle est aujourd'hui entièrement orientée par les préconisations de cellules de projection financière qui ne raisonnent qu'en termes de solvabilité des clients potentiels. Nous voulons au cœur de ce pôle public une entreprise publique de la recherche, de la production et de la distribution du médicament. La pharmacie centrale des hôpitaux de Paris pourrait être un socle sur lequel constituer ce pôle.

D'aucuns décrivent le système de protection sociale français comme une « anticipation communiste » ? Partagez-vous cette approche ?

Lorsqu'un tiers des Français est contraint de renoncer aux soins pour des raisons financières, il est compliqué voire contre-productif d'affirmer cela sans nuance. À sa fondation, la protection sociale à la française était marquée par son caractère solidaire et traversée par un idéal qui est le nôtre : on y contribue selon ses moyens, on en bénéficie selon ses besoins. Je dirais qu'aujourd'hui c'est notre combat pour réaffirmer et approfondir le caractère solidaire de la protection sociale française qui rend concret nos orientations politiques et participe à la construction du projet communiste.

Entretien réalisé par Léo Purguette

La Revue du projet, n° 21, novembre 2011

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Notre combat pour la protection sociale participe à la construction du projet communiste.

le 19 février 2013

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