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Refonder l’école, pourquoi faire ?

une première version du projet de loi d’orientation pour l’école vient d’être publiée. Le gouvernement y affiche son ambition de « refonder l’école de la république » pour « répondre aux grands défis auxquels [la France] est confrontée ». La réaffirmation du rôle de la maternelle et la volonté de scolariser les moins de 3 ans, une première remise en cause du socle de compétences avec l’intégration de la dimension de culture, la création des écoles supérieures de l’éducation, l’importance accordée à la pédagogie, le recrutement amorcé de professeurs montrent la prise en compte de propositions portées de longue date par les enseignants et les parents d’élèves. on ne peut que s’en réjouir.

Cependant, le projet entretient le flou sur les objectifs assignés à l’école. s’agit-il de créer les conditions de la réussite de tous ou bien de se contenter de réduire les inégalités à la marge ? s’agit-il de poursuivre les politiques libérales qui s’appuient sur l’individualisation et la concurrence pour mettre l’éducation au service de la compétitivité et de la guerre économique, dans la continuité du projet européen « éducation et formation 2020 » ? ou de construire une école émancipatrice transmettant à tous un haut niveau de culture commune ? comment mener les politiques sociales ambitieuses incontournables pour la réduction des inégalités sociales et scolaires tout en se soumettant à l’austérité dictée par l’union européenne et les marchés financiers ? Il faut faire un choix, et les discussions qui auront lieu avec l’ensemble des acteurs de l’éducation, les citoyens et leurs représentants dans les semaines à venir seront décisives.

Pour être à la hauteur des attentes, le projet ne peut pas s’en tenir à l’objectif de « l’égalité des chances ». L’éducation n’est pas une loterie ! se résigner à un système qui a ses « gagnants » et ses « perdants » laisserait encore une partie des élèves – les enfants des classes populaires en premier lieu– sur le bord du chemin. si l’école doit être refondée, c’est pour créer enfin les conditions d’une véritable égalité du droit à l’éducation. Tous les enfants sont capables d’apprendre : l’école peut et doit donc se fixer l’objectif de faire réussir tous les élèves. Le projet de loi est encore loin d’afficher une telle ambition. Il développe une conception de l’élève qui fait reposer les différences sur des dispositions naturelles : on parle d’« aptitudes », de « rythmes d’apprentissages propres à chacun ». une refondation progressiste de l’école doit rompre avec cette naturalisation des inégalités, affirmer que tous les élèves sont capables d’accéder à un haut niveau de culture et leur en donner les moyens. Prendre ses distances avec le socle commun tel qu’il avait été défini par la loi Fillon est un premier pas. mais pourquoi alors conserver d’un côté un socle et de l’autre des programmes ? Quels sont ces « apprentissages complémentaires » mentionnés par le projet, et à qui sont-ils destinés ? Il est nécessaire que les discussions des semaines à venir aboutissent à une affirmation claire : l’école, si elle veut être l’école de tous, doit viser les mêmes apprentissages pour tous les enfants.

Il est urgent de s’attaquer aux causes de l’échec scolaire, d’abord en créant les conditions d’une véritable gratuité de l’éducation. Pour lutter contre l’échec scolaire, il faut prendre en compte les obstacles connus qui, dans l’école et hors l’école, empêchent l’appropriation réussie des savoirs. L’inefficacité de l’individualisation des parcours est démontrée : ce n’est pas la solution ! Pour ne pas renoncer à l’égal accès aux savoirs des enfants des classes populaires, c’est bien l’ensemble de l’école qu’il faut refonder sur le modèle de l’élève qui n’a que l’école pour acquérir la culture scolaire.

Donnons de l’ambition à ce projet ! Le PCF appelle tous les citoyens, tous les acteurs de l’éducation à s’atteler à la tâche. un projet pour l’école, c’est un projet pour la société : c’est l’affaire de tous ! Partout en France, le PcF, avec ses partenaires du Front de gauche, est à l’initiative d’ateliers législatifs pour que nous construisions ensemble la refondation dont l’école a besoin. soyons nombreux pour faire entendre nos exigences et rendre incontournable la construction de l’école de l’égalité : une école démocratisée, donnant aux citoyens et aux citoyennes de demain les moyens d’être acteurs de leur travail, de leur vie et de celle de la collectivité.